mercredi 17 septembre 2014

La Maison Allie a elle aussi sa superpoutre!

Georges a procédé aujourd'hui à l'installation d'une poutre d'acier destinée à soutenir les quatre poutres de l'étage afin d'empêcher qu'elles ne balancent. Ce sont quatre tiges d'acier qui remplissaient jadis ce mandat dans la première incarnation de la Maison Allie : accrochées à la structure du toit, elles traversaient le grenier et allaient s'attacher à chacune de ces poutres. Évidemment, nous ne souhaitions pas reproduire ce principe ; des tiges en métal au beau milieu d'un grenier, ça n'a rien d'embêtant, mais comme nous désirons pour notre part habiter cet espace, il nous fallait trouver une solution un peu moins encombrante.

Il aurait été possible de soutenir ces poutres avec des colonnes ou encore avec des murs porteurs, mais aucune de ces options ne nous plaisait. Nous avions envie, d'une part, d'un rez-de-chaussée aéré présentant un minimum de divisions. Georges, d'autre part, préférait que les charges de l'étage passent par le carré de maison plutôt que par le plancher de poutrelles, ce qui permettait en outre de simplifier considérablement la conception de ce dernier.

La solution retenue - une superpoutre - nous a été suggérée par Michel. Le principe permettant d'attacher la poutre aux colonnes de bois de la maison est quant à lui l’œuvre du génie créatif de Georges qui, ne l'oublions pas, est aussi un ingénieur! Son design s'inspire de ce qui se fait en structure industrielle. En somme, Georges a designé et fait fabriquer les pièces en acier suivantes :

 

Il y a déjà plus de deux mois que cette poutre trainait sur le plancher de notre rez-de-chaussée. Nous avons souhaité, en effet, qu'elle nous soit livrée en même temps que notre charpente. Nous avons ainsi pu profiter de la présence d'une grue, le jour du remontage, pour faire entrer cette énorme poutre dans notre maison. Depuis, sa présence nous agaçait puisqu'il fallait l'enjamber à chacun de nos déplacements dans la maison. Il n'y a qu'Edmond qui s'en ennuiera peut-être, lui qui aimait tant  «varger» dessus à grands coups de marteau.

Voilà donc une bonne chose de faite!

Si nous nous sommes enfin décidés à l'installer, après tout ce temps, c'est qu'il nous fallait impérativement le faire avant que Georges ne commence à isoler les murs (dès demain), la poutre car devant également être vissée de l'extérieur.

Vous vous demandez, comme moi, comment Georges a pu soulever et installer seul ce mastodonte? Avec un palan manuel (chainblock) et deux courroies à ratchet!


Voici le résultat final :


Éventuellement, nous souhaitons caper notre super poutre avec des planches afin qu'elle se fasse un peu plus discrète. Il est vrai que la teinte de la rouille s'agence à merveille avec celle des pièces de bois et que le look rustique industriel est plutôt tendance ces jours-ci mais ce n'est pas du tout celui que l'on recherche.

mardi 16 septembre 2014

I *heart* coeurs de porte!

Petit avertissement d'usage : l'article qui suit est très technique. Il ennuiera sans doute, par conséquent, la plupart de nos lecteurs... à l'exception des autoconstructeurs du futur, à qui il s'adresse tout particulièrement.

Dans tout projet de construction, le choix de l'isolant est une question importante. La décision, dans notre cas, n'a pas été facile à prendre. La nature particulière de notre construction exigeait en effet une réflexion plus approfondie. Le choix était d'autant plus déchirant que les experts que nous avons consultés, virtuellement surtout, se contredisent : ce que les uns recommandent mènera notre maison à sa perte selon les autres, et vice-versa. Georges et moi avons donc eu de très nombreux échanges sur le sujet au cours de la dernière année.

La première décision que nous avons prise a été d'isoler notre maison de l'extérieur. Celle-là n'a heureusement soulevé aucun débat : nous étions tous les deux convaincus. Il arrive parfois que des gens choisissent d'isoler une maison en pièce-sur-pièce ancestrale par l'intérieur, laissant les pièces visibles de l'extérieur. Il s'agit pourtant, selon les spécialistes (Michel et André Bolduc, auteur de quelques livres consacrés au sujet), d'une bien mauvaise idée. Les charpentes en pièce-sur-pièce n'étaient pas conçues, en effet, pour être exposées aux éléments. Malgré le mortier avec lequel on comble leurs interstices, il n'est pas exclu que l'eau de pluie s'y infiltre. Et c'est alors la catastrophe! Cette décision, par ailleurs, est anachronique! Personne, au siècle dernier, n'aurait songé à laisser sa charpente visible! Selon Michel,  il s'agit de rien de moins qu'un «trip de hippie qui écoute du Paul Piché dans les années 70». En ce qui nous concerne, nous ne trouvons pas ça très joli, voilà tout!

Une fois que nous avons décidé d'isoler de l'extérieur, il nous a fallu déterminer avec quel isolant nous allions le faire. Et c'est là que notre tête a eu envie d'exploser!

Pour commencer, nous avons envisagé à peu près toutes les options. Nous cherchions une solution écologique et peu onéreuse. Notre premier défi à été de réunir ces deux critères. Le deuxième, encore plus complexe, a été de choisir notre camp dans ce grand débat qui opposent les experts.

Sur le service d'assistance technique La Ruche, la plupart des conseillers suggèrent d'utiliser un isolant «qui respire». Samuel Pépin-Guay, de Linéaire Design (une compagnie qui se spécialise en éco-construction et en charpente en bois massif, affiliée à la Matériauthèque à laquelle nous avons envisagé un instant acheter notre charpente), affirme que l'uréthane giclé est «un non-sens pour les maisons ancestrales récupérées». Comme «le bois a la capacité d'absorber et de relâcher l'humidité de l'air, il est primordial de poser un isolant qui n'emprisonnera pas l'humidité dans les murs.» Il ajoute : «Les panneaux de polyuréthane avec foil d'aluminium posés à l'extérieur des murs [i.e. nos cœurs de porte] est une technique à proscrire pour les maison en pièces. La raison est simple, les murs en bois laissent migrer l'humidité de la maison de l'intérieur vers l'extérieur et lorsque cette humidité se butera au foil d'aluminium, elle restera emprisonnée entre l'isolant et les murs de bois et créera rapidement de grave problèmes de moisissures et de condensation.»

Dans la même équipe, on trouve Étienne Ricard, qui ajoute cependant un bémol à cette théorie. S'il préconise lui aussi les isolants qui respirent (il a isolé sa maison avec de la cellulose), il croit cependant qu'il est possible d'y ajouter un pare-vapeur à la condition que celui-ci soit continu et parfaitement étanche et que l'isolation soit très performante. Cela permettrait d'éviter que le point de rosée se situe dans le mur.

Dans l'autre camp se trouve notre cher Michel! Ce dernier favorise l'uréthane giclé (un isolant qui ne respire pas pantoute!) dans toutes ses entreprises. Cette solution permet, entre autres avantages, de redresser le carré de pièces. Michel est un expert, cela ne fait aucun doute. Non seulement a-t-il démonté et rebâti de ses mains plusieurs ancestrales en pièce sur pièce, mais il en a restauré à peu près autant. Or son avis va à l'encontre de ce qu'on peut lire sur La Ruche. Entre ces deux versions, il nous a donc fallu faire un choix.

Dans la première proposition, j'adore le fait que la maison ne soit pas étanche. L'image de cette maison qui «respire» est plutôt jolie, vous ne trouvez pas? Les isolants de cette catégorie sont par ailleurs bien plus naturels que l'uréthane... qui ne l'est aucunement! L'on y retrouve : l'isoclad, la laine de roche ou de chanvre, la cellulose. Aucun de ces choix n'allait cependant de soi. Chacun d'eux posait problème. L'isolation en laine de chanvre est tout simplement hors de prix. Pour cumuler un facteur R intéressant, l'isoclad aurait nécessité trop de couches, ce qui aurait donné une drôle d'allure à notre maison. Afin de poser de la laine de roche, il aurait fallu construire une structure en 2x4 ce qui, selon Georges, n'aurait pas été efficace, ce genre de structures causant des ponts thermiques.

J'ai donc longtemps eu une préférence marquée pour la cellulose giclée ou soufflée, qui est faite de papier journal recyclé. Étienne Ricard, avec qui nous avons suivi une formation, nous a d'ailleurs très bien vendu son choix. Cet isolant, en tant que tel, ne coûte à peu près rien, c'est même l'un des moins dispendieux sur le marché! Or, comme nous souhaitions isoler de l'extérieur, il aurait fallu construire tout une charpente... ce qui nous aurait coûté très cher, au final, en plus de modifier les dimensions de notre maison. La cellulose aurait épaissi nos murs ; notre maison aurait donc été plus large que ses fondations, ce que l'on ne trouvait pas très esthétique. Les ouvertures des fenêtres aurait par ailleurs été beaucoup plus profondes, ce qui aurait empêcher la lumière de pénétrer aussi directement dans la maison.

Georges, lui, favorisait une combinaison de cœurs de porte et d'uréthane giclé pour au moins trois raisons : c'était, de loin, la solution la plus économique, c'était l'option privilégiée par Michel en qui nous avions pleinement confiance et c'était l'isolant qui proposait le meilleur facteur R au pouce (et donc le moins épais, au final).

De toutes les décisions que nous avons eu à prendre depuis le début du projet, celle-ci est la seule sur laquelle nous ne nous sommes pas entendus d'emblée. Nous tenions chacun à notre point. Comme vous le savez déjà, c'est Georges qui l'a emporté!

J'aurais aimé que notre maison soit entièrement saine. Or l'uréthane, comme tout isolant d'origine pétrochimique, relâche un certain nombre de composés néfastes dans l'air. Il n'existe pas d'études à long terme qui permet de mesurer l'impact de ces derniers. Il est vrai cependant, comme Georges aime bien me le rappeler, que nous serons loin de l'uréthane, giclé ou contenu dans les coeurs de porte. Nous séparerons de cette mousse d'un jaune douteux : des fondations de béton (au sous-sol), 5 pouces de bois, un mortier naturel et un polythène étanche (au rez-de-chaussée), un pouce de bois, une couche de papier kraft et un polythène étanche (sur le toit).

Je me console en me disant que même Benoît Lavigueur, de Belvedair, affirme que bien que l'uréthane ne soit pas une solution écologique, son utilisation est parfois nécessaire. Il serait faux de prétendre que l'uréthane est écologique, mais elle présente tout de même quelques avantages.  L'uréthane giclée crée une enveloppe performante et permet par conséquent de réduire considérablement notre consommation énergétique liée au chauffage. Sa production permet de récupérer 41 millions de bouteille de plastiques chaque année, au Québec. Et les cœurs de porte sont des matériaux récupérés.

Je rêvais d'une maison sans plastique, sans trucs artificiels. J'aurai gagné ma cause en tout point sauf sur celui-ci!

Les hauts et les bas d'un couple d'autoconstructeurs

Vous êtes nombreux à avoir observé que notre blog est plutôt tranquille ces jours-ci. La raison en est fort simple : mon homme et moi émergeons tout juste d'une brève, mais intense, période de démotivation - la première depuis le début des travaux, heureusement!

Georges, qui est plutôt zen de nature, s'est laissé envahir par le stress. Les jours froids et pluvieux sont de plus en plus nombreux (et expliquent sans doute, en partie, notre lassitude), si bien qu'il a senti l'urgence de terminer au plus vite l'isolation de la maison et du toit en particulier. Ce dernier, par ailleurs, s'est avéré être un sale adversaire! Les deux semaines (heureusement entrecoupées par son séjour en Iowa) que Georges y a passées sont à l'origine de sa première blessure de guerre : un tennis elbow! Comme il ne peut pas se permettre de donner un long répit à ses bras, je lui ai refilé les coordonnées de mon acupuncteur et de mon ostéopathe. Et il s'est acheté un marteau-de-la-mort, léger comme tout!

Si Georges en a eu drôlement marre du toit, j'en ai eu fichtrement marre, quant à moi, d'être seule à la maison avec nos deux petits loups car - une autre première! - Georges a récemment fait beaucoup d'heures supplémentaires. En dépit de tous ses efforts, nous avons néanmoins la fâcheuse impression que les travaux n'avancent pas. Notre montagne de cœurs de porte s'amenuise de jour en jour mais il en reste encore beaucoup à poser.

Oh, comme nous avons hâte que l'isolation de la maison soit enfin terminée! C'est une étape longue, peu agréable pour Georges et pas très intéressante en terme de résultats. Nous ne regrettons pas le choix de notre isolant qui nous a permis d'économiser une très belle somme d'argent. Mais il faut bien admettre qu'il aurait été bien plus simple de confier le contrat à une entreprise d'isolation ou de choisir un isolant au format plus standard.

Quand nous en avons eu assez de sentir le poids de notre projet peser chaque jour un peu plus lourds sur nos épaules, nous avons décidé de renverser le courant! Nous nous sommes concertés afin de raviver notre enthousiasme et de retrouver un certain équilibre familial, deux précieuses ressources que nous ont fait défaut ces derniers temps.

D'abord, nous avons souhaité retrouver le plaisir que nous avons éprouvé, pendant près d'un an, à préparer ce projet, à lui donner forme. Il nous reste encore beaucoup de choix à faire et ces derniers commençaient à nous prendre la tête! Les cinq heures que nous avons passées à déterminer les couleurs de nos fenêtres, la veille de notre commande, ont été si ennuyantes! Elles auraient pourtant du nous enflammer! Nous avons donc essayé de retrouver ce plaisir qui nous venait jadis si naturellement.

Il nous faudra très bientôt choisir la brique avec laquelle nous souhaitons recouvrir notre foyer de masse. La construction de ce dernier est en effet la prochaine étape à laquelle s'attaquera Georges une fois l'isolation terminée. Nous avons donc passé la fin de semaine à nous promener aux quatre coins des Cantons-de-l'Est afin d'aller admirer des bâtiments ayant été rénovés avec le type de briques qui nous plaît le plus. Notre cavale, dont le trajet nous a été suggéré par un marchand de briques local, nous a conduits de Saint-Georges de Windsor à Coaticook. En chemin, nous avons multiplié les escales gourmandes. Nous avons par ailleurs profité avec bonheur des paysages bucoliques de la région, que je prends un grand plaisir à découvrir, et du joli spectacle qu'offre actuellement le rougeoiement des arbres.

À ce propos... j'ai drôlement hâte de voir les couleurs dont se parera bientôt notre terrain!

Nous adorons, du reste, le nouveau rythme que nous nous sommes donnés. Il était définitivement temps que l'on se décide à mieux organiser nos horaires. Georges se lève désormais plus tôt. Il quitte la maison autour de 6h, ce qui lui permet de rentrer à la maison à 16h30. Nous avons depuis du temps, en soirée, d'autant plus qu'Edmond, suivant le rythme du soleil, se couche chaque jour un peu plus tôt. Nous profitons de cette nouvelle richesse pour préparer des repas sains et un peu plus complexes que ceux que notre barbecue nous a permis de préparer tout au long de l'été, pour jouer avec les enfants, pour passer quelques beaux moments en amoureux (on s'est «tapé» la quatrième saison de The Killing, la semaine dernière - c'était la première fois que l'on regardait la télé depuis des mois!), pour se retrouver, chacun pour soi, également.

Et pour tenir ce blog, bien sûr.

Car nos journées ne se terminent évidemment pas lorsque Georges rentre à la maison. Il nous faut faire les comptes, mettre à jour notre échéancier, ajuster nos plans, faire de la recherche et du magasinage, passer de nombreux coups de fil. Plusieurs de nos soirées et la plupart de nos fins de semaine y passent. Nos sujets de conversation, à table, sont par ailleurs plutôt limités. La maison prend beaucoup de place dans nos vies, quoi! Mais attention! je ne me plains pas! Nous savions dans quoi nous nous embarquions, du moins en avions-nous une bonne idée.

J'imagine que les épisodes de démotivation comme celui que nous venons tout juste de traverser sont inévitables dans ce genre d'aventure, qu'ils font tout bonnement partie du processus. Sinon ce serait trop facile, tsé!

Depuis quelques jours, nous sommes sur une belle lancée.
Vous devriez donc pouvoir me lire plus souvent.
Et nous devrions être en mesure de vous partager quelques photos très bientôt!