samedi 18 octobre 2014

Une dalle sous nos pieds

Nous avons fait couler notre dalle hier. Voici sa petite histoire...

Il y a quelques semaines, Georges s'est aperçu que la conception de nos fondations posait possiblement problème. Il a en effet remarqué que le drain de sortie vers la fosse septique était trop haut par rapport à la base des fondations : il aurait fallu le passer sous la semelle et non pas l'y encastrer. Un système de drainage, en effet, repose habituellement sur une pente descendante qui facilite l'évacuation des eaux usées. Ainsi, les drains de toilettes, de douche et de lavabos sont généralement situés au-dessus du niveau du drain de sortie vers la fosse et non pas à la même hauteur, comme c'était le cas chez-nous. Voyez par vous-mêmes :


Comme Georges ignorait à quel point la situation pouvait être problématique, il a consulté un plombier qui s'est dit être scandalisé par la façon dont nos semelles ont été coulées. Il nous fallait absolument trouver le moyen de corriger cette erreur. Notre projet d'autoconstruction m'apprend, entre autre belles leçons de vie, qu'il n'existe pas de problème sans solution!

Comme il était impossible de poser la plomberie au-dessus de la dalle (ce n'est pas permis par le code du bâtiment et ce n'est vraiment pas joli!) ou dans la dalle (au risque de compromettre la solidité de cette dernière), nous avons envisagé faire ajouter trois pouces de gravier sous notre dalle afin la de rehausser. Le hic, avec cette solution, c'est que nous allions du coup perdre trois pouces de dégagement sous le plafond. Ce n'était pas catastrophique, bien sûr, mais c'était tout de même dommage.

Nous avons donc demandé à notre excavateur de déterrer le drain problématique puis de le baisser de trois pouces. Puisque l'erreur avait été commise par son sous-contractant, il a accepté sans rechigner. Nous avons donc de nouveau reçu la visite d'une pelle mécanique :



Cette solution n'est malheureusement pas idéale mais elle est néanmoins fort acceptable. Nous aurions préféré que le drain soit situé six pouces plus bas encore, ce qui n'était cependant pas possible puisque le drain français se situait à cet endroit. Déterrer ce dernier, qui fait le tour de la maison, n'était évidemment pas une option!

Afin de nous aider à poser la plomberie sous dalle, nous avons engagé un plombier nous ayant été recommandé par un ami. Georges l'a assisté. Au départ, il prévoyait faire ce travail seul mais comme le taux horaire de ce plombier était très raisonnable et que son expertise était fort précieuse, nous avons décidé de nous offrir ses services. Les travaux ont été complétés en un avant-midi.


Georges a ensuite isolé la dalle avec deux couches de cœur de porte. Il n'était pas utile de délaminer ces derniers (comme ce fut le cas pour tous les autres), ce qui a représenté une belle économie en terme de temps et d'énergie. Pour cet usage, nous avions acheté du cœur de porte embossé (fort difficile à délaminer), qui se vend au deux-tiers du prix du lisse. Il nous en reste une petite quantité de ce coeur de porte embossé que nous ne prévoyons pas utiliser sur la maison... et qui nous permettra sans doute d'isolation une jolie petite serre l'été prochain ou celui d'après - attendons d'abord de voir à quel point les travaux actuels nous auront épuisés! 

Il aurait été tellement plus simple, plus rapide et plus efficace de poser nos deux couches de cœur de porte par-dessus la plomberie. Comme notre drain n'a pas été baissé de neuf pouces ainsi que nous l'aurions voulu, mais de trois seulement, il a fallu nous résigner, lors de la pose de l'isolant, à la contourner, ce qui a occasionné plusieurs découpes. Voyez :


Il manque par ailleurs d'isolant à certains endroits, ce qui n'est pas très grave. Notre dalle, en effet, est vraiment bien isolée. Comme le prix du cœur de porte étant ridiculement bas, nous n'avons pas lésiné! La norme Novoclimat suggère d'isoler une dalle chauffée à R16 tandis que les manufacturiers de planchers radiants recommandent un facteur R qui se situe entre 10 et 30. Nous avons isolé à R24.

Avant de compléter l'isolation, Georges a pris le temps d'installer une colonne d'extraction du radon. La présence de radon, dans les maisons, est la deuxième plus grande cause de cancer du poumon au pays : 3000 canadiens en meurent chaque année! Un foyer sur dix, au Canada, serait d'ailleurs dangereusement exposé au radon. Bien que l'on en retrouve apparemment très peu en Estrie, nous avons préféré ne prendre aucune chance. Voilà 15$ bien investis! La pose n'aura pris que dix minutes.


Cette colonne d'extraction (au centre de la photo) permet de recueillir le radon qui pourrait s'accumuler sous la dalle et de l'évacuer vers l'extérieur grâce à un petit ventilateur. Celui-ci ne sera installé que si le test de détection (lequel ne peut être fait que plusieurs semaines après le coulage de la salle) s'avère positif. Bien que la pose de cette colonne soit désormais exigée par le code du bâtiment, elle demeure néanmoins marginale. Les différents experts que nous avons consultés tout au long de la préparation de notre projet (plombier, conseillers en quincaillerie, etc.) ignoraient ce qu'était cette colonne ou alors n'en voyaient pas la pertinence! Nous tenions pour notre part à notre maison saine (ou presque)!

Les dernières étapes préparatoires au coulage ont été accomplies par Georges et Bertrand jeudi dernier. Cette journée père-fils a été très efficace... et fort agréable si je me fie aux beaux sourires visibles sur les photos prises ce jour-là! Les deux gars ont d'abord posé un polythène pare-vapeur à la grandeur du sous-sol. Ils ont ensuite installé une armature en broches d'acier (6'' x 6'') qui permettra de solidifier la dalle mais qui a surtout servi de guide pour la pose du tuyau du plancher radiant. Ce dernier a été attaché à l'armature à l'aide de tie-wraps.


Ce tuyau a été très facile à poser. Il faut dire que Georges avait judicieusement préparé un plan indiquant la manière la plus efficace de faire passer les tuyaux. Il faut en effet prévoir des circuits de 250 pieds de long qui serpentent le sous-sol et le divisent en zones pouvant être chauffées  indépendamment. Nous en avons trois. Voici le résultat final :


Le plancher radiant pourra être mis en marche dans trente jours. Nous ne pouvons l'utiliser avant afin de permettre à la dalle de sécher. Entre temps, nous devrons poser la bouilloire et le panneau de contrôle.

Notre foyer de masse, situé au rez-de-chaussée, constituera notre source de chauffage principal mais ne suffira pas à chauffer le sous-sol : la chaleur monte, bien sûr! Nous avions donc besoin d'un système de chauffage complémentaire. Nous avons choisi le plancher radiant car il offre le confort ultime. Nous n'aurons pas besoin d'enfiler de gros bas de laine pour descendre au sous-sol! Vous l'apprécierez très certainement lorsque vous passerez la nuit dans notre chambre d'amis! Le plancher radiant est par ailleurs un système invisible, ce qui n'était pas sans nous plaire!

Comme nous souhaitons conserver la possibilité d'ajouter un chauffage complémentaire à l'étage au cas où le foyer de masse ne suffirait pas à chauffer la maison à notre goût, nous avons décidé d'utiliser l'eau chaude du plancher radiant du sous-sol pour alimenter un radiateur à eau antique que nous placerons dans le couloir de l'étage. Cet ajout sera par ailleurs pratique en hiver : il nous permettra de nous absenter quelques jours sans craindre que la maison ne gèle même si nous ne sommes pas là pour faire des feux!

Vendredi, nous avons enfin eu notre dalle! Nous avons fait couler, en même temps, la dalle du foyer de masse au rez-de-chaussée. Elle avait été coffrée plus tôt cette semaine :


Voici le résultat après coulage :


Le tube de métal que Georges a inséré dans le béton permettra aux cendres du foyer de tomber dans un réservoir placé au sous-sol. Le morceau de bois encastré dans le béton servira quant à lui d'entrée d'air.

C'est formidable d'avoir enfin un plein plancher au rez-de-chaussée. Il n'y a plus de trou au centre de la maison. Voilà un risque de moins pour Edmond l'aventurier!

Je vous laisse sur les photos de notre dalle de sous-sol. La première photo a été prise immédiatement après le coulage (fait en matinée), la deuxième après le lissage (fait en après-midi). Un scellant a été appliqué depuis.







Le béton mettra de 3 à 6 mois à prendre sa teinte définitive, un peu plus pâle.

vendredi 17 octobre 2014

Un toit sur nos têtes

Il y a déjà un mois que je n'ai pas rendu compte, sur ce blog, de l'avancement de nos travaux. Inutile de vous dire que nous avons été très occupés... Depuis que l'automne s'est montré le bout du nez, nous avons souhaité mettre les bouchées doubles afin d'être en mesure de fermer la maison à temps pour l'hiver.

C'est le cœur joyeux que je vous annonce que la construction, l'isolation et l'étanchéification de notre toit sont ENFIN terminées! Georges a vaincu! Le sandwich dont se compose notre toit comporte, dans l'ordre : un polythène, deux couches de coeurs de porte, quatre pouces d'uréthane giclé, un espace d'air, une couche de contreplaqués et une membrane étanchéifiante Résisto.

La dernière fois que j'ai écrit sur ce blog, nous nous apprêtions à faire gicler de l'uréthane. C'est évidemment chose faite. Nous avons souhaité ajouter cette couche isolante sur notre cœur de porte afin d'étanchéifier le toit et d'ajouter du «corps» à sa structure. Nous n'aurions pas pu, par ailleurs, poser quatre épaisseurs de coeurs de porte (nécessaires pour l'obtention du facteur R désiré). Le résultat n'aurait pas été suffisamment solide.

Au départ, nous avions prévu faire gicler trois pouces de mousse isolante (pour un R total de 44). Nous en avons finalement demandé quatre (R de 50). Après avoir «shimmé» le toit, Georges s'est en effet aperçu que l'espace entre les 2x4 et le cœur de porte était trop grand : trois pouces d'uréthane n'auraient pas suffi à les réunir.

Voici donc les hommes au travail :



Cette étape a été très rapide, ne nécessitant qu'un après-midi... et très peu d'effort de la part de Georges! C'est toujours agréable de recevoir de la visite sur le chantier. Comme Georges fait la majorité des travaux de ses mains, et seul, nous sommes habitués de voir notre maison s'ériger lentement. Lorsque nous payons des hommes pour faire des travaux précis, nous sommes toujours ravis de constater combien les résultats sont immédiatement visibles!

Le giclage de l'uréthane n'est malheureusement pas une job très propre. Disons-le : c'est cochon et très peu écolo! Au moment de l'application de la mousse bleue (qui devient très rapidement jaune), des microbilles de polyuréthane ont été dispersées tout autour de la maison. Nous avons passé quelques heures à récupérer les plus grosses à la main. Déçus du résultat, nous avons même sorti la shop vac pour ramasser les plus petites. Notre opération nettoyage est malgré tout imparfaite. Pour tout enlever, il aurait fallu retirer, à la pelle, une couche de terre... et encore je ne suis pas certaine que nous serions ainsi parvenus à effacer toute trace d'uréthane au sol! Heureusement le jardin que nous prévoyons faire sera situé beaucoup plus loin.

L'étape subséquente, soit la pose des contreplaqués, est assurément, de l'avis de Georges, la tâche la plus chiante qu'il a du accomplir depuis le début des travaux... ex-aequo avec la suivante, soit la pose de la membrane autocollante Résisto. Georges a éprouvé de la difficulté à hisser, sans aide, des matériaux aussi lourds sur le toit de même qu'à passer plusieurs journées consécutives à travailler sur une pente de 45 degrés. Les irritants, du reste, étaient nombreux. Georges était constamment emmêlé dans ses fils (les sangles de son harnais de sécurité, les fils électriques de ses outils et le tuyau à air de son compresseur), il a fréquemment du descendre en bas des échafauds afin de récupérer un outil qu'il avait échappé et s'est plusieurs fois aperçu, après avoir grimpé en haut, qu'il avait oublié d'y apporter un truc essentiel. Lui qui est d'un naturel si calme s'est quelquefois énervé... et a beaucoup sacré!

Georges a fait tous les travaux sur le versant est seul. Heureusement, notre formidable beau-frère lui a donné un sacré coup de main pour le versant ouest, épargnant ainsi ses jambes, ses bras et sa santé mentale! Antoine, merci!

La photo suivante a été prise une fois que la pose des contreplaqués a été complétée. Les 2x4 que l'on y aperçoit ont été vissés temporairement afin de permettre les déplacement sur le toit. 



Une fois les contreplaqués installés, il a fallu les découper afin d'en faire une belle ligne droite. Ce qui peut sembler assez simple s'est en fait révélé être une tâche difficile puisque les deux murs qui n'ont pas encore été isolés sont encore croches - ils ne seront shimmés (de la façon dont le toit l'a été) qu'au moment de la pose du revêtement final.

Pour des raisons esthétiques, Georges a ensuite posé des planchettes de bois sous les débords de toit, lesquelles seront éventuellement peintes. La photo qui suit permet de donner une idée du résultat  :


Ont ensuite été posés les solins de bord de toit (ou flashings) en métal gris. Nous avons choisi cette teinte afin de matcher la couleur de nos puits de lumière et celle que devrait prendre, avec le temps, le cèdre grisonnant de nos bardeaux.

Georges a par la suite installé nos quatre puits de lumière. La pose en tant que telle a été très facile. Le défi consistait plutôt à les hisser, à bras, sur le toit, chacun d'eux pesant 40 kilos. Évidemment, le résultat est magnifique! Les arbres qui entourent notre maison sont très hauts. Bertrand, le père de Georges, dit joliment de la forêt au cœur de laquelle nous nous construisons qu'elle a poussé «en orgueil». De ce fait, on peut aisément admirer les couleurs de l'automne, particulièrement jolies cette année, à travers ces fenêtres qui ouvrent vers le ciel.


 

Nous avons déjà hâte de dormir sous les étoiles... et dans le silence! Disons que nos actuels voisins d'en-haut ne sont pas de tout repos. J'écris ces lignes dans le vacarme : un horrible chien, laissé à lui-même, geint depuis des heures tandis que notre fils, effrayé, réclame son père.

Georges a ensuite posé la membrane autocollante sur les contreplaqués, une autre étape plutôt ardue. Les rouleaux sont très lourds et difficiles à manier. Georges a par ailleurs trouvé qu'il était compliqué de faire des belles lignes droites.

Cette étape a été très satisfaisante. C'est tellement agréable de regarder, enfin, la pluie ruisseler sur la membrane! Avant de poser cette dernière, nous avons plusieurs fois vu la pluie pénétrer la structure du toit par les puits de lumière, ce qui a augmenté notre sentiment d'urgence. Georges a donc profité de huit jours de beau temps consécutifs pour terminer le toit. Jusqu'à présent, nus avons été très chanceux. Dame Nature est de notre bord! Il a beaucoup plu depuis et notre toit a passé le test! Pas une goutte d'eau dans la maison!

Finalement, Georges a posé la faîtière en plastique flexible noir, laquelle sera cachée sous le revêtement final. Le trou que l'on y aperçoit est destiné à accueillir la cheminée de notre foyer de masse (que nous avons justement commandé aujourd'hui).


Georges est très fier de sa job et moi de mon chum! C'est vraiment chouette de voir une si grosse étape terminée.



Admirez ce joli toit d'inspiration française! Comme vous pouvez le constater, le toit apparent n'a que d'un pouce et demi d'épaisseur. La quasi totalité de la structure et de l'isolation du toit seront en effet cachés dans les pignons (dont l'isolation constitue notre priorité désormais). Nous avons piqué cette idée à Michel en la voyant appliquée sur la maison d'un célèbre magicien québécois sur laquelle il a travaillé...