mardi 30 décembre 2014

Enfin, des fenêtres!

Notre maison compte déjà quelques fenêtres, soient les cinq fenêtres de PVC qui ont été coulées dans ses fondations et les quatre puits de lumière qui percent son toit. Trois autres types de fenêtres complèteront l'ensemble :

D'abord, les fenêtres et contre-fenêtres en pin, à targettes, récupérées de la Maison Allie. 

Sur les onze fenêtres qui nous ont été livrées avec la charpente, nous avons choisi d'en récupérer quatre, l'état général des sept autres n'étant pas assez bon (leurs cadres sont pourris, en tout ou en partie). Bien que ces fenêtres ne soient pas d'origine, Michel est d'avis qu'elles sont au moins centenaires... et qu'elles auraient toutes pu être récupérées si nous avions eu beaucoup de temps et d'amour à leur consacrer. Ce travail aurait cependant exigé un investissement proportionnel aux dommages qu'elles ont subi au fil des ans, c'est-à-dire un temps fou! Les quatre fenêtres que nous allons sauver n'ont besoin, quant à elles, que de quelques réparations mineures et d'un bon coup de pinceau. Les sept autres auraient demandé un véritable travail de restauration, si bien qu'il aurait été presque aussi long et tout aussi fastidieux de fabriquer nos propres fenêtres from scratch. Le défi vous paraît farfelu? Un couple d'autoconstructeurs de notre connaissance l'a pourtant relevé avec brio, se méritant toute notre admiration! Les sept fenêtres rejetées ne seront pas envoyées aux poubelles pour autant ; afin de récupérer un maximum de matériaux, nous avons prévu revaloriser leurs battants dans le cadre de projets divers.

Les fenêtres récupérées devront êtres grattées avant d'être peintes de la même couleur que les autres, et les targettes devront être décapées. Il faudra ensuite leur ajouter un coupe-froid et changer le verre des carreaux cassés. De cette façon, elles seront presque aussi efficaces, d'un point de vue énergétique, que les fenêtres neuves qui complèteront le lot. Nous avons d'ailleurs été très étonnés d'apprendre, au fil de nos recherche, que les ensembles de fenêtres et contre-fenêtres en verre simple sont plus performants que les fenêtres thermos qui se vendent couramment de nos jours. Le travail de réparation dont il est question ici devra toutefois attendre un peu puisque nous jugeons que nos efforts seront pour l'instant plus utiles ailleurs. Georges les posera donc rapidement, dans leur état actuel. Nous leur referons une beauté au printemps! C'est le genre de boulot qui risque de m'incomber... à mon plus grand bonheur! Vous ai-je déjà dit combien j'ai hâte de mettre la main à la pâte?

Un avant-goût en images de ces petites merveilles d'antan :


À ces belles fenêtres ancestrales, s'ajoutent les fenêtres à crémone fabriquées par l'atelier de menuiserie architecturale d'Éloi Gagnon, situé à St-Jean-Port-Joli. Menuiserie Authentique est une petite entreprise dont les méthodes de fabrication allient les savoir-faire ancestral et moderne. Nous leur avons commandé des fenêtres en sapin Douglas, assemblées à tenons mortaises. Le sapin Douglas coûte à peine plus cher que le pin et il est plus durable. Il s'agit en effet d'un bois qui tord très peu. Son grain, plus serré, est par ailleurs bien plus joli.

Ces fenêtres ne seront pas exactement pareilles à celles de la Maison Allie mais elles seront fort semblables, si bien que leurs subtiles différences ne devraient pas frapper l’œil. Nous avons choisi une combinaison de fenêtres et contre-fenêtres très performante. Les battants des fenêtres sont constitués de thermos double tandis que les contre-fenêtre sont en verre simple. J'ai déjà hâte de mettre en œuvre le rituel qui, deux fois par année, marque le changement de saison : accueillir la brise fraîche chez-soi en même temps que l'on remplace les contre-fenêtres par des moustiquaires au printemps, s'encabaner pour l'hiver au moment où on les remet en place. Cette corvée ne me paraît pas lourde du tout, même si je la sais exigeante. Georges, qui en a fait l'expérience année après année alors qu'il habitait encore chez sa mère, se souvient avec beaucoup de nostalgie de ce beau rituel.

Les couleurs que nous avons choisies sont «rouge indien» pour les contre-fenêtres et moustiquaires et «lingot d'or» pour les fenêtres. Ces teintes rappellent, sans les imiter exactement, les couleurs historiques. En Nouvelle-France, le blanc était souvent associé à des couleurs primaires. Les modèles vernaculaires à versants droits de la première moitié du XIXe siècle ont repris cette mode : le blanc du revêtement était agrémenté de couleurs primaires pour l'ornementation et les accessoires. Nous avons consulté beaucoup d'ouvrages consacrés aux maisons québécoises traditionnelles afin de nous guider et nous inspirer dans nos différents choix. Il faudra d'ailleurs que je vous propose une petite bibliographie un de ces quatre! Depuis le début de nos recherches, une maison a attiré mon attention et je n'ai eu, depuis, d'yeux que pour elle. Les couleurs que nous avons choisi ne lui sont pas exclusives, mais c'est elle, assurément, qui nous les a inspirées.

Je sais que notre choix de peindre nos fenêtres, plutôt que de les couvrir d'aluminium à l'extérieur, ou que de les teindre simplement, ne fait pas l'unanimité. La peinture exige un plus grand entretien, c'est vrai. Mais ce n'est pas si terrible qu'on le croit. Éloi nous a beaucoup rassurés à cet effet : il suffit de passer un chiffon sur les fenêtres une fois par année et de faire une petite retouche de peinture tous les 5 à 8 ans. Évidemment, le fenêtres de PVC sont beaucoup plus faciles d'entretien. Elles ont cependant une durée de vie fort limitée (de 25 à 30 ans en moyenne). Les fenêtres en bois, quant à elles, peuvent durer... plus d'un siècle, ainsi que nous le prouvent celles de la Maison Allie. Ces fenêtres n'ont pas reçu tout l'amour dont elles auraient eu besoin dans le passé et certaines d'entre elles, pourtant, sont encore impeccables. Si nous avions eu le budget, nous aurions d'ailleurs choisi des fenêtres en bois pour le sous-sol également. Le bois relève d'un choix esthétique, qui correspond bien à l'esprit de notre maison, mais également éthique. La fabrication des fenêtres de PVC nécessite en effet beaucoup d'énergies grises. L'exposition de ces fenêtres aux rayons UV, par ailleurs, génère leur lente dégradation en particules fines, lesquelles sont cancérigènes lorsque inhalées. C'est du moins ce que tendent à démontrer plusieurs études. Parce que dans ce domaine comme dans bien d'autres, il n'y a pas de consensus.

Même si nous aurions pu sauver bien de l'argent en nous occupant nous-mêmes de cette tâche, nous avons choisi de faire peindre nos fenêtres en cabine. Afin de faire une «belle job», il aurait en effet fallu démonter les fenêtres, les peindre, puis les remonter, un processus qui nous a découragé, d'autant plus qu'Éloi nous le déconseillait fortement, nous assurant que nous serions déçus si nous risquions cette aventure. Le type ayant gagné notre confiance, nous avons décidé de nous fier à sa sagesse.

Le rouge et le jaune sur lesquels nous avons arrêté notre choix sont finalement un peu plus vifs que ce à quoi nous nous attendions, surtout en plein soleil, mais nous sommes tout de même ravis du résultat. Voyez par vous-mêmes :



 


Les moulures des portes et fenêtres seront posées au printemps, à l'intérieur comme à l'extérieur. Elles seront «lingot d'or» elles aussi.

Nos deux portes, à l'étage, seront rouges. Pour la porte du sous-sol, cependant, nous avons choisi une couleur plus neutre. Nous avons consulté la charte des teintures Sansin, avec lesquelles travaille Éloi, sur Internet puisque nous devions rapidement lui annoncer notre choix final et qu'il était difficile de mettre la main sur une charte imprimée. Erreur!! Nous sommes vraiment déçus de la teinte «chocolat» de la porte, qui ne semblait pas aussi foncée à l'écran. Mais bon, la porte en soi est magnifique! Nous allons sans doute oublier ce petit détail avec le temps, sans quoi il sera toujours possible de refaire le travail plus tard. Mais bien honnêtement... j'en doute fort!


À ces deux types de fenêtres, s'ajoutent enfin des fenêtres en bois confectionnées par Lepage Millwork, un fabricant de portes et fenêtres plus commercial. Éloi n'était pas en mesure, en effet, de concevoir les deux immenses fenêtres du versant Ouest. Comme il ne pouvait pas fabriquer une fenêtre de cette taille avec une seule vitre pleine, il proposait de séparer les fenêtres en trois. Or nous tenions à ces belles grandes ouvertures donnant sur la forêt et nous avons choisi de faire affaire avec Lepage pour ces deux fenêtres uniquement. Considérant leur taille, nous avons demandé des thermos triple.

Malheureusement, nous ne recevrons ces fenêtres qu'au début du mois de février. Il y a eu un petit problème de communication avec la responsable de nos achats, chez Rona. Nous ne savons pas vraiment à qui revient la faute, mais qu'importe... nous avons bien d'autre chose à faire pour nous tenir occupés jusque-là!

Ces fenêtres ne seront pas peintes à l'arrivée. Pour ce travail seulement, Lepage nous exigeait plus de 1000$!! Il faut dire que l'essentiel de ce montant consiste en frais de développement de couleurs puisque les teintes que nous avons choisies ne sont pas standard. Il s'agit d'un des nombreux troubles que l'on peut éviter en transigeant avec un artisan tel qu'Éloi. Nous avons reçu de sa part un service impeccable, dont nous sommes terriblement satisfaits. Nous vous recommandons chaudement ses services. C'est vraiment merveilleux de pouvoir communiquer directement avec un artisan, sans intermédiaire.

De peindre ces deux grands cadres nous-mêmes ne nous effraie pas puisque ces deux fenêtres n'ont  ni croisillons ni barotins. Or c'est dans ces détails que réside la difficulté que souhaitait nous épargner Éloi. Nous peinturerons donc les fenêtres Lepage sur réception avant de les installer.

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