mercredi 19 novembre 2014

Les escaliers

Georges a complété aujourd'hui la construction des escaliers qui descendent vers le sous-sol. Avant de vous les montrer, je vous raconte leur histoire.

Afin de favoriser un mariage heureux avec le pin de nos planchers anciens et avec la pruche de nos pièces, nous avons souhaité utiliser du bois recyclé pour réaliser nos escaliers. Nous avons donc fouiné dans nos réserves afin de vérifier si nous avions ce qu'il nous fallait pour ce faire. Nous avons choisi de confectionner nos contremarches à partir des retailles produites lors de la pose de nos planches de toit. Je vous rappelle que, n'ayant pas assez de planches de toit d'origine pour couvrir tout le toit, nous avions puisé dans le lot de planches de revêtement d'origine de la maison pour terminer ce travail. Nos découpes avaient alors produit un tas de courtes planches que nous pensions brûler... avant de réaliser qu'elles pouvaient elles aussi être sauvées! Objectif : zéro déchet!

Pour fabriquer les marches, cependant, nous n'avions pas le nécessaire. Nous avions besoin, en effet, de planches plus épaisses et plus solides que celles que nous possédions déjà. Nous avons donc décidés d'aller faire une petite virée à Bury (un petit village situé à 40 minutes de Sherbrooke), chez Baldwin Récupération. Monsieur Baldwin a commencé à démonter des granges dans les Cantons-de-l'Est et en Beauce au début des années 2000, bien avant que le bois de grange ne soit si populaire. C'était un visionnaire! Et tout un personnage, semble-t-il... Lorsqu'il est décédé, il y a deux ans environ, une de ses amies a repris la business.

La cour à bois de Baldwin Récupération ressemble à ça :


Rien à voir avec celle de BMR, n'est-ce pas?

Nous y avons passé trois heures à sélectionner le bois nécessaire à la confection de la trentaine de marches que compteront nos deux escaliers. Malgré l'impression de chaos qui se dégage de la photo qui précède, il est surprenant de constater à quel point l'inventaire de Baldwin est bien organisé. Marie-Claude, la propriétaire, le connait d'ailleurs très bien et elle sait très bien y naviguer. Les poutres, les pièces et les planches sont classées par taille et par couleur (planches grises, brunes, rouges, peintes...). Évidemment, il n'y a pas deux planches identiques. Il est donc nécessaire de prendre le temps d'analyser chacune d'elles afin de s'assurer que le bois est sain, qu'il ne soit pas trop abîmé et qu'il convienne à nos critères de couleurs et de textures. La patience de Louise a été mise à l'épreuve ce jour-là... et la nôtre récompensée! Nous y avons fait de très belles trouvailles! Il n'est d'ailleurs pas exclu que nous retournions éventuellement à Bury pour une seconde escapade lorsque la maison sera complétée. Nous avons déjà en tête quelques projets de meubles...

Après avoir ramené tout ce bois à Orford, Georges s'est mis au nettoyage. Il a lavé les marches et les contremarches au Technikem (le dégraisseur que nous avions utilisé pour nettoyer la maison) à l'aide de sa laveuse à la pression. C'est une étape toujours très intéressante car on ne sait jamais d'avance à quoi ressemblera le bois une fois propre. Nous en avons une bonne idée, bien sûr, mais de belles surprises nous attendent bien souvent. Le résultat est parfois surprenant et toujours bien visible :


Admirez l'avant/après (ici, ce sont les contremarches) :



Le bois, malheureusement, perd sa belle et riche teinte rougeâtre en séchant. Il n'en est pas moins magnifique! Fait à noter : après avoir fait quelques tests, Georges commence sérieusement à douter de la nécessité du Technikem. Il semblerait qu'un nettoyage à l'eau donne un résultat identique. Nous n'utiliserons donc plus de dégraisseur pour les planches qui sont destinées à être peintes.

Vous remarquerez sans doute que les teintes, d'une marche à l'autre, ne sont pas tout à fait identiques. Comme le bois utilisé provenait de différents lots, il aurait difficilement pu en être autrement. Ceci dit, Georges les a judicieusement agencées de sorte que le résultat final ne donne pas l'impression d'un patchwork. Nous sommes tous les deux très satisfaits. Et surtout très fiers de son travail! Beaucoup de gens nous avaient prévenu que les escaliers sont l'une des choses les plus difficiles à réaliser dans une maison et qu'il valait mieux confier cette tâche à des professionnels. Georges se sentait cependant en confiance et il avait bien raison!

Dans nos escaliers, donc, il n'y a que les limons qui sont faits de bois neufs.

Travailler avec du bois recyclé exige beaucoup de temps. C'est une observation que l'on a fait à de nombreuses reprises depuis le début de nos travaux. La construction de nos escaliers en est un très bon exemple. Nous avons estimé que c'est de quinze à vingt heures de plus qu'il a fallu consacrer à cette tâche par rapport à une construction plus conventionnelle.

Le calcul va comme suit :
- Aller-retour à Bury : 2 heures
- Sélection, sur place, du bois avec lequel nous allions construire nos marches : 3 heures
- Sélection du bois nécessaire à la confection de nos contremarches : 1 heure
- Nettoyage de tout ce bois : 5 heures (+ temps de séchage)
- Construction d'un ensemble de marche en coin : 3 heures par escalier
- Délignage de chacune des marches et contremarche sur trois côtés : 1 heure

Et le travail n'est pas fini! Il nous reste encore à sabler les marches et à les huiler.

Alors, est-ce que tout ce trouble en vaut la peine? À nos yeux, oui, bien sûr. Le résultat n'est en rien comparable à celui que nous aurions obtenu en utilisant du bois neuf. Dans notre maison, le choix s'imposait.

Et même s'il est généralement faux de croire que le bois recyclé coûte moins cher que le neuf (c'est généralement le contraire), cette solution nous a, dans ce cas bien précis, permis d'économiser beaucoup d'argent. Nous n'avons pas eu, en effet, besoin d'acheter de contremarches ni d'ensemble de marches en coin. Nos escaliers nous auront donc coûté environ 400$ de moins que si nous les avions construits en pin neuf.

Un autre avantage, lorsque l'on construit avec du bois recyclé, c'est la possibilité de faire de belles rencontres. Comme Michel avant elle, Marie-Claude, la nouvelle propriétaire de Baldwin Récupération, nous a partagé beaucoup d'histoires passionnantes. C'est une femme inspirante!

Après ce long préambule, je vous offre enfin quelques images de notre premier escalier. Ses marches sont être montées sur une structure très solide, qui ne bougera pas d'un iota. Nous avons donc le meilleur des deux mondes : une apparence vieillotte et une structure neuve!






Admirez les marches en coin dont Georges est tout particulièrement fier :



Les marches et contremarches ont été vissées par derrière afin que les vis ne soient pas apparentes. Ce n'est cependant pas le cas pour ces marches en coin. Nous utiliserons donc un chouette truc emprunté à Michel. Georges a vissé les marches en angle en diagonale, enfonçant les vis très profondément dans le bois. Il prévoit poser des clous ancestraux à tête carrée (nous en avons une pleine chaudière) dans les trous créés afin de donner l'impression qu'elles ont été clouées comme elles l'étaient jadis.

Il ne nous reste donc plus qu'à sabler légèrement ces marches et à les huiler. Nous le ferons sans doute en même temps que nous huilerons les planchers. En attendant, nous allons les protéger avec du carton.

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