L'étape du remontage de la charpente est l'une des plus excitantes de notre projet et certainement celle que nous attendions avec le plus d'impatience. En plus d'en être la plus caractéristique, cette étape permet en outre de voir notre maison prendre forme sous nos yeux à une vitesse phénoménale. En deux semaines, notre charpente sera entièrement remontée! Voici le résumé de la première d'entre elles.
Les pièces qui la composent étant beaucoup trop lourdes à transporter et à hisser par un seul homme, notre charpente ne pouvait être remontée par Georges uniquement. Il nous fallait donc réunir une équipe afin de l'épauler dans cette tâche. Nous avons pour ce faire envisagé différents scénarios, certains impliquant Michel, d'autres pas. Afin d'économiser, nous avons en effet, pendant un certain temps, pensé nous priver des services de Michel. Au terme d'une longue réflexion, nous avons cependant convenu que nous ne pouvions pas nous passer de l'expertise d'un artisan doté d'une telle expérience. En travaillant avec lui, nous nous assurions que les techniques d'assemblage de la maison seraient respectées, que le travail serait de qualité et que le résultat, sur le plan esthétique, serait à couper le souffle! Michel connait par ailleurs la maison par coeur, ce qui pour nous était précieux. Georges s'étonne chaque jour du souvenir précis qu'il en conserve. Il en parle comme s'il l'avait démontée hier!
Lorsque nous avons réservé ses services, Michel nous a demandé de réunir une équipe de quatre hommes pour l'assister. Si l'on soustrait Georges, c'est donc trois hommes qu'il nous fallait embaucher. Notre équipe, telle que nous l'avions imaginée au départ, se composait de notre ami Steve, de son frère, ainsi que d'un inconnu nous ayant été référé par notre beau-frère. Or ce dernier s'est finalement désisté à moins de douze heures d'avis parce qu'il avait soi-disant décidé, sur un coup de tête, de partir en voyage! Après la saga du prêt hypothécaire, plus rien ne pouvait nous déstabiliser ni ébranler notre confiance. En apprenant cette nouvelle, nous avons donc respiré un bon coup, répété quelques fois notre mantra - «ça va aller!» - et avons souhaité dénicher rapidement un quatrième joueur pour le remplacer. Finalement, nous n'avons pas eu besoin de trouver qui que ce soit car nous nous sommes rapidement aperçu que cette équipe réduite suffisait à la tâche. Antoine est tout de même venu nous aider à décharger la charpente étant donné que la grue et le camion coûtaient très cher de l'heure.
La combinaison est en effet optimale... pour ne pas dire parfaite! S'il avait fallu qu'un autre membre s'ajoute, il se serait sans doute cherché du travail à l'occasion. La taille de l'équipe est donc idéale, de même que sa dynamique. Michel, qui dirige les opérations, se permet fréquemment de déléguer. Steve et son frère sont en effet très expérimentés et ils font un travail formidable. Leur expertise fait une grosse
différence sur le chantier et permet notamment d'accélérer considérablement la vitesse des travaux. Michel souhaitait qu'on lui procure de simples
manoeuvres (des paires de bras en somme), mais nous lui avons offert de vrais professionnels!
Depuis son démontage il y a deux ans, notre maison était entreposée chez Michel, à l'extérieur, sous d'immenses bâches qui la protégeait de la pluie. Elle nous a été livrée lundi sur un bi-train (l'étendue de mon vocabulaire s'accroit à la vitesse grand V ces jours-ci), soit un camion porteur sur lequel sont attelées deux remorques. La première contenait, emballés dans divers paquets, les matériaux qui ne font pas partie de la charpente en soi : planches de recouvrement de toit et des pignons, planches de revêtement intérieur et extérieur, planchers de madriers, plafonds et murs à caisson, fenêtres et portes traditionnelles. La seconde, bien sûr, transportait la charpente. On aperçoit ici les chargements avant qu'ils ne quittent Bécancour :
Le camion a eu de la difficulté à reculer dans notre entrée si bien que nous avons craint un instant qu'il ne doive décharger tous les paquets au chemin. Il aurait alors fallu déplacer tous ces matériaux à la main sur une bonne distance, ce qui aurait exigé un temps fou! Heureusement, le conducteur est finalement parvenu à grimper jusqu'au bout de notre entrée de cour! Jusqu'à présent, nous avons été tellement chanceux. Aucun pépin majeur n'a empêché le bon déroulement des travaux. Le déchargement s'est ainsi fait, à l'aide d'une grue, en trois petites heures. Comme nous avions loué cette grue pour un minimum de quatre
heures, nous avons profité de l'heure restante pour faire hisser les colonnes maitresses et la poutre les reliant.
Le remontage en tant que tel a donc pu commencer dès lundi après-midi. Aussitôt les colonnes et poutre installées, les pièces du carré de maison ont pu être replacées, une à une, à l'emplacement qui est le leur. Il s'agit, pour ce faire, de se référer à l'excellent système de numérotation de Michel.
Tout au long du remontage du carré de pièces, les hommes ont apporté quelques modifications à la taille et à l'emplacement des ouvertures. Nous avons par exemple choisi de déplacer une porte (sur la façade de la maison)
et d'en rajouter une à l'arrière, laquelle donnera sur une grande
galerie. Comme nous souhaitions avoir une maison baignée de lumière, nous avons également pris la décision d'ajouter une fenêtre à l'avant et d'agrandir les deux fenêtres à l'arrière. Voici, par exemple, les deux fenêtres de ce qui deviendra très bientôt notre salle à dîner :
La fenêtre du fond avait, à l'origine, la même taille que celle de gauche. En l'agrandissant de la sorte, nous obtenons une vue magnifique sur la cour, nous nous assurons de manger, tous les soirs, dans un bain de chaude lumière en plus de bénéficier des effets positifs du chauffage solaire passif. Je reviendrai sur ce dernier point dans un éventuel article que je souhaite consacrer aux aspects écologiques de notre maison.
Nous ne sommes pas les premiers à apporter des modifications à cette charpente. Plusieurs autres propriétaires l'ont fait avant nous suivant les modes de balancement architectural du bâtiment propres à chaque époque. Sur la photo suivante, extraite du site de Michel Martel, on aperçoit l'emplacement des ouvertures d'origine de la façade de la Maison Allie (en rouge) ainsi que l'emplacement des ouvertures dans l'état où elles se trouvaient lors de sa récupération (les vides et les pleins).
Sur cette photo, on aperçoit son état actuel :
Notre volonté initiale consistait à ajouter une fenêtre supplémentaire à droite de la porte mais Michel nous recommande de ne pas le faire pour deux raisons. La première, c'est que les plus belles pièces de la maison sont réunies à cet endroit : ce serait dommage, selon lui, de les découper. La seconde, c'est que notre escalier sera situé à cet endroit, ce qui signifie que si un enfant (ou un adulte) déboule un jour ce dernier, il pourrait atterrir dans une fenêtre. Je crois néanmoins que nous pourrions réduire considérablement les risques de blessure en utilisant, pour cette fenêtre uniquement, du verre trempé. Nous sommes toujours en réflexion. Il me semble que l'esthétique de la façade de la maison serait plus balancé avec l'ajout d'une fenêtre, laquelle diffuserait, par ailleurs, une douce lumière dans la cage d'escalier... Bref, nous hésitons encore. Nous avons encore quelques jours pour y penser.
Il est très facile de modifier l'emplacement des ouvertures. En fait preuve la photo suivante (encore une fois tirée du site de Michel), qui montre comment d'anciens propriétaires ont déplacé une fenêtre en jonglant avec les pièces et les poteaux :
Michel et compagnie ont procédé de la même manière à l'occasion du remontage de notre maison. C'est en jonglant avec les pièces, par ailleurs, qu'ils sont également parvenus à améliorer l'apparence de quelques cicatrices visibles de la maison. Sur la première photo, on aperçoit, de l'extérieur (la vue de l'intérieur est sensiblement la même), des planches verticales servant à boucher l'ouverture d'une porte ayant un jour été condamnée. Comme ce n'était vraiment pas joli, nous avons souhaité corriger le tout.
Voici, de l'intérieur cette fois, le résultat :
Les planches verticales ont fait place à une empilade de pièces (celle de droite) ayant été réalisée à partir des morceaux récupérés lors de l'ajout et de l'agrandissement de fenêtres. Le grand trou qui subsiste sera caché, d'une part, par notre réfrigérateur et se retrouvera, d'autre part, à l'intérieur de notre garde-manger. La correction, qui n'a pas encore été faite, ne sera donc pas visible.
Une fois le carré de pièce remonté, les hommes ont posé les poutres de plancher, puis ont construit un plancher temporaire en prévision de l'installation des sablières et des fermes de toit. Lorsque ce plancher sera remplacé par notre plancher véritable, le contreplaqué utilisé à cet effet sera récupéré et servira à supporter notre revêtement de toiture. Pas de gaspillage sur notre chantier!
C'est formidable de grimper là-haut. Nous obtenons ainsi une bonne idée de la vue que nous aurons de l'étage... et nous trouvons ça magnifique!
Tout au long de la semaine, aussitôt qu'il y avait un homme de libre, celui-ci s'affairait à déclouer les planches de toit, de pignon et de revêtement extérieur. Celles-ci nous ont en effet été livrées pleines de clous... et de bardeaux de cèdre :
Et il y en a des tonnes!! Nous avons cependant eu le bonheur de réaliser que le déclouage serait beaucoup moins long que prévu. Alors que nous avions calculé que cette étape occuperait un homme à temps plein pendant deux semaines, plus de la moitié a été ainsi fait à temps perdu, ne nécessitant que quelques heures en tout. Nous n'avons pas eu à retirer les bardeaux un à un comme nous le pensions. Michel nous a en effet expliqué comment retirer des tonnes de clous à la fois en frottant vigoureusement un marteau sur les planches. Sa technique ne nécessite qu'une à deux minutes de travail par planche. Nous avions d'abord pensé organiser une corvée de déclouage à laquelle nous souhaitions convier famille et amis mais ce ne sera finalement pas nécessaire. Heureusement... car le concept ne semblait pas avoir suscité un grand intérêt dans notre entourage malgré la bière et la pizza promises! :-)
Il ne nous reste donc plus, finalement, qu'à brûler tout ce bardeau!
Au terme de la première semaine du remontage, notre maison ressemble à ceci :
Comme vous pouvez le constater, les travaux avancent vite, et bien.
Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, nous avons appris ce jeudi que nous n'aurions pas besoin de passer chez le notaire à chaque déboursé ainsi qu'on nous l'avait d'abord annoncé! Cette façon de faire simplifiera considérablement les opérations en plus de nous faire sauver une petite fortune. Hourra!