D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours souhaité habiter une maison ancestrale. À St-Nicolas, où j’ai grandi, il y en avait de magnifiques et je ne me lassais pas, année après année, d’aller les admirer, l’été, à l’occasion de mes errances quotidiennes dans les petits rangs et les grands chemins de terre. J’enfourchais mon vélo et je partais à leur rencontre afin de rêver à l’existence tranquille que je mènerais un jour dans l’une d’elles, là-bas ou ailleurs. J’appréciais déjà, gamine, la richesse de leur histoire, la simplicité de leurs formes et l’authenticité des matériaux qui les composent tout autant que la vie paisible qu’elles invitent à s'y inventer.
Georges, comme moi, aime les vieilles choses - il n'y a pas un seul meuble de notre appartement, d'ailleurs, qui soit neuf! La maison dans laquelle il a passé toute sa jeunesse a été construite il y a près de cent ans et conserve, aujourd’hui encore, son immuable charme d’antan. Sans être aussi absolu que moi, il partageait mon désir de vivre dans une maison ancienne.
C’est ma première grossesse qui nous a motivés à quitter le petit cinq et demi du Plateau Mont-Royal que nous habitions depuis quatre ans et à chercher une jolie petite maison pour loger notre famille en devenir. Nous habitions alors Montréal : Georges y avait un bon emploi, je m’apprêtais à y entamer un nouveau programme d’études. C’est donc en périphérie de l’île que nous avons d’abord cherché la maison qui allait faire battre nos cœurs. Il y en avait de très jolies, au nord comme au sud, mais elles étaient ou bien trop chères ou bien trop loin de la ville et le plus souvent trop petites pour loger confortablement la grande famille dont nous rêvions alors.
Quand Edmond est né, nous n’avions pas encore trouvé la perle rare… bien que deux d’entre elles nous avaient sérieusement fait de l’œil. Fort heureusement!! Notre nouvelle réalité de parents a en effet brusquement et profondément modifié nos plans de vie. Nous souhaitions désormais plus que tout nous rapprocher de nos familles et de la nature. Entre Québec, d’où je viens, et les Cantons-de-l’Est, où Georges a grandi, notre cœur a balancé, mais pas bien longtemps. Puisque nous y avons déjà un bon cercle d’amis, que la nature y est bien plus présente, et que cette région nous permettait de nous éloigner un peu moins de Montréal où nous avions encore bien des repères, l’Estrie l’a emporté.
Nous avons donc commencé à chercher une maison dans les environs. À moins que l'on s'éloigne considérablement de Sherbrooke, les maisons québécoises qui m’attirent depuis toujours s’y font cependant très rares. Les plus vieilles maisons du coin sont anglaises et bien que je les trouve également très jolies, leur architecture un peu plus complexe et leur histoire ne me parlent pas autant. Notre recherche s'annonçait aussi vaine ici qu'elle l'avait été à Montréal. J’ai donc lancé un jour à Georges : «ah! si seulement nous pouvions prendre une des magnifiques petites maisons avec lesquelles nous sommes tombés en amour en Montérégie et la déménager en Estrie!» Il m’a alors expliqué qu’il était effectivement possible de démonter une maison de bois et de la reconstruire ailleurs. «On le fait?», j’ai demandé. Il m’a répondu que c’était un projet de bien trop grande envergure qui exigerait beaucoup plus de temps et d’argent que nous ne pouvions y consacrer pour l’instant mais que l’idée pouvait certainement être gardée en mémoire en vue de notre retraite…
Le lendemain, en cherchant sur le web des maisons à vendre dans les environs, je suis tombée sur un reportage diffusé à l’émission Casa Nova sur la chaîne Explora. On y présentait le projet d’Étienne Ricard qui, comme Georges me l’avait expliqué le jour d'avant, avait acheté une maison centenaire en bois, l’avait démontée, en avait numéroté les pièces puis l’avait reconstruite à Waterville, pas trop loin d’ici. J’étais enchantée : parce que sa maison était splendide, d’abord, mais aussi parce que je commençais à m’imaginer que l’idée lancée à la blague la veille n’était peut-être pas si bête que ça. Le rêve semblait possible.
J’ai donc fait une recherche rapide sur le web et j’ai trouvé, en quelques minutes, plusieurs articles de presse consacrés à ce type de construction, des images nombreuses, des sites de vente qui permettaient d’estimer le coût d’un tel projet ainsi que le très complet site de Michel Martel, source infinie de renseignements. J’étais tellement excitée que j’ai aussitôt contacté Georges par courriel qui, bien qu’il était au travail, m’a répondu aussitôt qu’il partageait mon enthousiasme et qu’il lui tardait de revenir à la maison ce soir-là afin que l’on démêle tout cela ensemble.
Le projet était né. Le rêve avait germé.
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